Dimanche 28 Novembre dernier, avait lieu le traditionnel marathon de la Rochelle, 31e de la série. Dont le départ est fixé à 9h.
A 7h45, nous partîmes à 3 ( Antoine, Cédric et moi même) et par un prompt renfort nous nous vîmes 12000 coureurs (+ de 5000 pour le marathon) .
Arrivé à 3-4 km du départ, les axes routiers s'engorgent. C'est sans compter sur un guidage précis d'Antoine, qui au travers de quartier pavillonnaire, nous fit arriver sereinement au parking, en grillant ¾ des véhicules régulés par un tyrannique feux rouges.
Nous voilà arrivé dans notre SAS à mi-parcours entre les flammes 4h30 et 4h15. Il fait frais , le ciel gris laisse apparaitre un voile bleuté prometteur, emmitouflés dans cette ridicule bâche plastique communément appelé sac poubelle, Cédric les bras nus, tremblant, reste digne.
L'humilité commence là ou l'orgueilleuse motivation devrait bétonner notre esprit vaillant. Toutefois le trinôme Vicomtais RLViste que nous sommes, transpire silencieusement la détermination.
A vrai dire notre objectif est commun : c'est de finir notre 1er Marathon. Toutefois l'option temps n'est pas en reste. Antoine cible un temps de 4h15, Cedric 4h, quand à moi je reste assez vagues entre 4h30 et 5h.
En effet notre préparation individuelle et très hétérogène. Antoine à été régulier, Cédric l'a également suivi jusqu'à ce qu'une entorse lui fasse défaut 3 semaines avant. Quant à moi..., je n'en ai pas pris le temps, juste 2 sorties hebdo, ma cheville droite me fait défaut, et je dois y ajouter surement, un agaçant coté anticonformiste.
Voici mon ressenti sur ce parcours, Je laisse mes 2 acolytes témoigner de leur vécu sur ce challenge.
C'est d'abord le challenge de mes 40 ans, la conférence sur la préparation mentale du jeudi qui précéda, donne le ton : Pourquoi j'ai fait ça ? ...échos d'une épouse qui me dira : n'importe quoi ! qu'est-ce que tu veux prouver ? Juste savoir si j'en suis capable : mixture entre folie, immaturité et confiance ?
le départ nous embarque dans un rythme bien au dessus de nos prévisions, Cédric ne manquera pas de soulever cette anomalie avant le 5e km...merci mec
Nous le perdons assez vite devant. Je perds Antoine vers le 8e km ...ça y est …ma cheville s'est ralliée à ma femme ...et me dit : n'importe quoi tu te prends pour qui ? je lui parle, je la bichonne je lui dit qu'elle est extraordinaire ...comme ma femme
ça tire, le genou gauche s'y mets au 18e km, mais je tiens l'allure. Je me fais dépasser, encore et encore, par les forts, les grands tous secs, par les gros, les vieux, par les petits, par les petits gros, les petits vieux et gros …je comprends que c'est le résultat de mon investissement.
je ne rate aucun ravitaillement, mais je cours toujours.
L'Ethiopien Heye Berhanu, me dépasse avant le semi que je passe en 2h11.
Au 24e km le nurofen devient non négociable pour ma cheville et mon genou. Aprés le 25e c'est l'inconnu...je n'ai jamais couru plus loin .
Au 28e je me sens pousser des ailes, euphorique, j'augmente l'allure, la raison que je croise dans la montée du 30e km me dis : continue à faire le con et je m'occupe de toi.. Qu'elle caractère !! me revoilà passer sous la barre des 10km/h.
32e km ...psychologiquement j'ai passé un cap, j'ai mal, je me sens bien, rationnellement ça n'a aucun sens. Comme ma prépa d'ailleurs, je suis donc dans mon élément. Je cours toujours.
35e km Je double de plus en plus, ceux dont je n'ai vue que les semelles se rapprochent. Sur le parcours ça marche, parfois ça pleure, des fois ça vomi. je cours encore.
37e km la cuisse gauche émets des spasmes, la crampe se prépare, elle me provoque, ma cheville me salut, la sagesse et la raison me regardent les bras croisées, alooooors ?...je cours toujours.
39e km, la foule dense, s'est amassée sur le parcours..., survolté à perdre la voix. Me voilà galvanisé. Je cours plus fort.
40e km, pour moi c'est ok, je tiens le cap je maintiens l'allure. Pour que mon corps ne me joue pas un mauvais tour.
41e km, je décolle gentiment, les semelles de devant, sont devenues les concurrents de derrière...puis voilà mes 3 filles ma femme derrière les palissades du port.
42e et 195m .... 4h17 j'ai fini au pied de la Tour, il paraît qu'elle s'appelle St Nicolas , suffisait il d'avoir la foi ?
Expérience unique et personnel, j'ai appris de moi, et j'en avait bien besoin. Nous avons atteint tous les 3 notre objectif. On remettra le couvert ?
Nicolas DOXIN