mardi 18 juin 2024

L'UTPMA 2024 un weekend hors norme


 Grandjo:

Après avoir abandonné en 2022 avec Jean-Dany et Franck, nous nous étions promis d’y retourner pour terminer cet Ultra.

Nous avons embarqué dans l’aventure Joris qui était aussi présent en 2022 mais pour faire l’assistance, Béné qui avait participé au trail de la Jordanne (50km). Elle c’est lancée cette année  le défi de faire l'Ultra. On a aussi embarqué mon pote Vava qui part pour son 1er plus de 100km. Sur la route nous avons trouvé aussi Ismaël qui vient de la Verrie un super champion avec qui nous avons passé tout le weekend.

Les inscriptions validées en Janvier il a fallu se préparer. Le tiken trail et la boucle des collines étaient parfaits pour la préparation.

Avec Vava et Dj nous avons eu la chance de partir le jeudi pour bien se mettre en condition et surtout écouter du reggae toute la journée.

Le grand jour arrive nous récupérons les dossards, nous déposons nos sacs de vie, nous participons à la pasta party tout se passe bien.


 

Retour au camping pour se préparer et essayer de se reposer, c'est pas facile avec un orage qui nous tombe dessus.

23h30 nous sommes sous la tente du départ. Tout le monde est trempé, personne ne fait trop le malin, la concentration est là.

00h01 coup de pistolet les fauves sont lancés sous un feu d’artifice de pluie.

Pendant toute la 1ere section, il pleut des cordes mais toute la team est ensemble le moral est bon.

Avec la pluie la boue apparait le terrain devient glissant, résultat une belle chute pour ma part avec comme conséquence une veste de déchirée mais pas de bobos.

1er ravito 1ère frayeur je pers mon binôme (Dj). Je suis persuadé qu’il est parti devant, je double les autres qui ne l’ont pas vu, 1h30 après il arrive à fond avec Joris.

2ème ravito, il fait froid avec l’humidité, une bonne soupe je change de chaussettes, t-shirt et surtout je met une couche supplémentaire car ce qui nous attend va être costaud. On doit monter au plomb du cantal (1855m) avec le froid, la pluie, le vent et le brouillard à priori ils estiment un ressenti de -4 degré, ce qui est sur c’est que j’ai les doigts gelés malgré les gants.

Je fais le choix de monter seul car Joris et Dj vont trop vite pour moi. Je suis dans ma bulle, je monte à mon allure, je ne cesse de doubler. Je kiffe ce moment là alors que les conditions sont exécrables c’est le paradoxe de l’ultra. La descente pour arriver à Lioran ce passe comme des roulettes.


A la base de vie, j’en profite pour me changer complètement, dormir pendant 10 minutes ( la recette miracle)sur un lit de camp. Pendant ce temps là Dj est entrain de faire le con avec les bénévoles. On croise Joris qui part devant on ne le verra plu jusqu’à la fin de la course. Il mettra 20h un grand respect à lui. J'ai vraiment apprécié de faire la 1 ère partie de course avec lui , un chouette mec qui ne cesse de m'impressionner par son engagement et sa volonté.

 Vava est frigorifié il ne sait pas si il repart on essaye de le motiver à notre manière. Franck comme d’habitude il gère. En partant on voit Béné au loin je l’encourage de toutes mes forces pour la motiver. Je suis surpris de la voir ici et super heureux pour elle.

On entame la seconde partie de course. Je suis hyper motivé tout va bien les jambes sont la le moral est bon. Bing 30 minutes plus tard tout s’écroule plus de jus plus de force, les pensées négatives arrivent. Je vais abandonner je n’y arriverai pas. Et la merci mon binôme qui me fait faire des exercices de respiration, je me recentre, je pense à la famille, les encouragements des amis, les conseils des copains " ces bâtons ils sont finishers".

 On tombe sur des randonneurs entrain de goûter ils nous offrent une banane, curieusement les jambes reviennent et le moral avec je fais une montée et une descente du Puy Mary ( 1783M) aux petits oignons je vais plus vite que Kilian Jornet.

 

On passe le ravito de Mandailles (75 ème km) impeccable, on arrive au ravito de Lascelles ( 91km) la fatigue est présente mais dans nos têtes on est sur d’aller au bout.

A cet endroit ils nous font faire une section de 13km qui est interminable. J’en ai ras le bol. Je suis fatigué, en colère contre les organisateurs, j’ai les pieds qui me brûlent. C’est le début des ampoules mais je n’ai plus de chaussettes sèches, encore une fois Dj relativise et m’encourage à penser positivement.

Je suis dans la forêt, et là des hallucinations un truc de dingue : je vois des animaux à toutes les pierres recouvertes de mousse, des chauves souris, j’ai vu des spectateurs dans dans la foret alors que c’était simplement des arbres.

On arrive à St Simon; dernier ravito, je soigne mes pieds pendant ce temps là Dj danse la macarena avec tous les bénévoles. Un moment hors du temps tout le monde danse, en même temps j’apprends que Vava et Franck sont encore en course. Franchement c’est top j’ai envie de pleurer.

Dernière montée, dernière descente  on arrive à Aurillac il est 0h19, Béné Joris et Ismaël sont la pour nous accueillir quel pied de franchir la ligne avec mon super binôme. Je suis fier de nous, cela se voit sur la photo.


Un bon repas du terroir, un massage et j’attends les copains arrivée à 2h24 du matin. On rentre tous les 3 au camping à pied. 20 mn de marche c’est l’horreur, heureusement une bonne douche et surtout un bon lit nous attend pour enfin dormir.

C’est quand même dingue ces ultras, on passe par toutes les émotions entre la peur de ne pas réussir à aller au bout, la surprise de courir plus vite que Kilian Jornet, la colère contre les organisateurs de nous mettre une section pas très agréable, et enfin la joie d’être finisher mais surtout la joie de partager ces moments là avec les gens qu’on aime.

Je tiens à finir cet article en félicitant Béné qui a parcouru sa plus longue distance soit 77km avec 3750m de D+ pour moi le plus beau exploit du weekend c'est celui là. Bravo à elle.


Grandjo











 

 

Voici le résumé de Vava





Je vais vous faire mon résumé rapide de ma course ce week-end à l'UTPMA. Je ne fais pas parti du RLV (je suis au RAPV depuis 1 an) mais c'est tout comme (Jojo c'est la famille et les liens sont tissés avec les copines et copains du RLV, on a déjà partagé quelques heures d'effort). Je ne suis pas une vedette de la course à pied mais plutôt un galérien des fins et fonds de pelotons, ça vous situe le personnage ...


Cette course c'était l'objectif de l'année avec la volonté forte de terminer finisher. Je n'avais jamais abordé une telle distance (80 km max jusqu'alors) mais le dénivelé de 5 000 m de D+ j'avais pratiqué l'année passée au Grand Trail de la Vallée d'Ossau. La préparation fut bonne mais avec une nouveauté, j'ai beaucoup écouté mon corps et pris soin de ne jamais aller trop loin dans les zones obscures, c'est ce qui m'a permis d'arriver à Aurillac avec de la fraicheur.


Courir en groupe, c'est clair que c'est ce qui m'a permis de terminer. Sans le soutien de Johan, Joris, Bene, Franck, Jean Dany et Ismaël, je ne pense pas que j'aurai été au bout. Jean-Dany m'a "sauvé" à la base de vie où je suis arrivé en mode j'abandonne. Il n'a pas fait grand-chose juste un sourire et un regard mais ça m'a remis dedans. Franck aussi m'a "sauvé" ensuite en m'extirpant de mes idées noires, je crois que je lui ai rendu aussi.


Dans les moments durs, j'ai également rallumé mon téléphone et les soutiens de la famille et des potes m'ont vraiment boosté. Comme quoi le mental joue une part importante dans la réussite.


Les conditions ont été dantesques les premières heures au cours desquelles j'étais en mode commando, c'était le déluge et il fallait avancer. Toute cette phase de la course m'a aussi permis de refaire le point sur ma vie (personnelle, pro, ...) une vraie remise à plat et une régénération du cerveau. Je pense que de telle épreuve servent aussi à ça, faire le bilan sur sa vie.


Pour la course, nous nous sommes tous retrouvés au premier puis au second ravito et c'était vraiment génial.


La suite fut plus dure avec des conditions climatiques sur les sommets indescriptibles. Je ne pense pas qu'on puisse les raconter par un écrit (la vidéo prise par Joris parle d'elle même, le froid ressenti devait être en dessous du 0°).


La suite de la course fut plus chaotique pour moi jusqu'à ce que Franck me rattrape, une vraie bouffée d'oxygène et un soutien sans faille. Si tu n'avais pas été là Franck je pense qu'au ravito où nous avons dormi quelques minutes j'aurais bâché (pour l'anecdote nous avons dormi sur une paillasse au milieu d'une cuisine qui servait de hall de gare).


Nous (on parle ici d'une équipe avec Franck) sommes alors parti en mode on va finir et tenter de ne pas prendre une barrière horaire dans la tête. C'est ce que nous avons réussi avec une stratégie géniale + 1h30 sur la première barrière puis + 1h30 sur la suivante puis 2 fois 45 minutes d'avance sur les dernières. Il ne fallait pas avoir un incident ou un problème physique mais nous avons su gérer et nous soutenir. La tête a pris le pas sur le corps. Un soulagement à l'avant dernier ravito où nous avons compris que nous allions finir sauf catastrophe.


La fin fut vraiment très compliquée ... Quelques hallucinations (les soldats de Star Wars dans un champ / mes tatanes sur un rocher / un lapin écrasé / le Christ en haut d'un arbre / ...) je vous en épargne. Franck lui a réussi l'exploit de dormir en courant !! Merci au copain qui l'a trouvé errant sur un sentier... Nous étions vraiment au bout du bout pour ne pas dire encore plus loin.


Je m'excuse auprès de Franck pour ma période de "rallage" sur la fin de parcours qui n'avait pas de sens. L'arrivée à Aurillac n'avait rien du plaisir et devait juste faire plaisir au mec qui avait tracé le parcours (traversée d'un terrain de foot / passage à plusieurs reprises sur des mêmes points / marches ... Quelle galère).


Une mention spéciale pour les bénévoles de l'UTPMA, c'était énorme. Nous avons sympathisé avec des personnes pleines d'empathie qui se pliaient en 4 pour que nous puissions repartir dans de bonnes conditions. Un truc de fou et une leçon de vie.


L'arrivée fut superbe avec la satisfaction du devoir accompli quel pied !!!


Le retour à pied au camping en pleine nuit fut rude.
Nous n'avions même plus le courage de boire une bière !! C'est à noter.
Douche et au lit avec pleins de beaux souvenirs dans la tête.


Merci à tous les copains du RLV. Cette course a permis de souder des liens de vie forts, de solidarité et d'entraide. C'est surtout ce que nous venons chercher, j'en suis persuadé. En tout cas pour ma part, j'ai pris une leçon de vie. Au-delà de la performance (plus de 26h20 / la limite d'arrivée était fixée à 27h00, ne fallait pas trainer tout de même, merci à Franck pour la stratégie de gestion des barrières) j'ai adoré nos moments de partages, les regards échangés, la bienveillance de chacun et le gout de l'effort. Il faut tout de même aimer se faire mal.


Vivement la prochaine course commune !!!
Quels pieds !!!
Pour jojo et Jean-Dany, vive le reggae music (on se comprend et nous avons maintenant notre chanson fétiche)!!!


Cyril Varennes
 
 

Le récit de Béné

 Je vous plante mon décor:
22h30 sous la toile de tente, derniers préparatifs avant départ prévu à 00h01.
Le tonnerre gronde au loin...puis, l'orage éclate au dessus de nos têtes et la pluie tombe à torrent!
Je pétouille.
Je me rassure en me disant que ce qui vient de tomber ne me tombera pas dessus tout à l'heure...on se rassure comme on peut 😅.
J'en mène vraiment pas large. Ça doit se voir:
Johan m'interpelle,
Trouve les mots juste,
Me donne "Un serrage", c'est la bienveillance du coureur expérimenté qui se veut rassurant.
Je lâche un "J'ai Peur". (Au moins, c'est dit!)
Me suis jamais senti aussi effrayée avant un départ.
Je me demande vraiment ce qu'il nous attend là-bas sur les sommets avec cette météo dantesque annoncée lors du briefing.
....
..
.....
Avant d'accéder au sas de départ, il y a le contrôle des sacs.
Impressionnant le nombre de bénévoles prévu pour cette mission! !
J'ai le privilège d'être accueillie par "Domitille", tout sourire, d'une gentillesse incroyable.
Elle aussi, rassurante et du fief en +!
.......
Bon, maintenant on y va ???.
.......
Pluie, vent, bim bam boum, feu d'artifice musique!!!
Je retrouve mon sourire, enfin, on va prendre ce départ!  
Le "Go" est donné!
Ouf, enfin on court! ! 
......
Comme prévu, avec Franck, on fait les 2 portions de nuit ensemble.
Ma mission: veiller à ce que "son dormir debout" se passe bien😌.
Il est très surprenant notre Franck avec cette technique☺️
...
Boue, pente, glissade, zip, zoup, pouf, re zip.....
....
On enquille les kms, satisfaction d'arriver au premier ravito.
Sourire et p'tit mot de Domitille.
.....
Re Boue, pluie, peu de paroles.
On garde notre énergie,
On est vraiment concentrés !
.....
Deuxième Ravito.
Sourire, p'tit mot de Domitille.
Certains copains sont là, Jo, J.Dany, Joris,
Des smiles, des mots d'encouragements.
.......
Ça grimpe, ça descend, ça remonte.
.....
Franck part devant, il est confort.
Les minutes sont précieuses.
"Béné, c'est le moment d'ouvrir toutes tes petites boîtes "
Ben oui, ça y est, suis dans le dur déjà..
.....
....
Base de vie en vue.
Notre duo, Jo et J.Dany en ressortent,  me crient des mots d'encouragements au loin.
Ça fait du bien💪🏻.
.....
Base de vie.

J'ai froid, très froid.
Pas faim.
Va pour une soupe tout de même.
Le sourire de Franck.
Des mots justes encore.
(Merci)
...
Je dois repartir.
Rebranche ma détermination quelque peu en berne.
C'est dur.
Suis dans les temps.
Je m'engage pour la portion suivante.
Put... mais quelle portion!!
......
J'avance à rien.
Ça monte, mais ça monte sévère!
C'est technique, on grimpe, on escalade.
Vent, brouillard, ça doit être beau quand c'est dégagé 😉😅
....
Oh tient des escaliers..
Nan mais c'est pas drôle les escaliers! Surtout à descendre.

Bim bim bim les cuisses!

....
....

Ravito
Des gens gentils
Domitille et son sourire:
"Comment tu te sens Bénédicte ?"
Quoi répondre???!!
Je trouve ça vraiment dur.
Je dois me mettre un coup de pied aux fesses pour repartir.
Suis dans le timing encore.
Je repars.
....
..
.....
Pas trop de temps à perdre tout de même.
Le tête le sait très bien.
Le corps, lui, fait ce qu'il peut.
Et c'est déjà pas mal.
....
C'est beau ces ptits sentiers.
Tout est difficile.
Monter encore.
C'est technique toujours.
De la boue encore ...
Vent
....
...
"Allez Béné bouge tes fesses!!  "
Ça c'est moi qui me parle à moi,😉
.....
3km avant le prochain ravito
Reste 30 minutes avant la BH de 18h .
Bouges tes fesses, bouges tes fesses!! .
....
Coureurs derrière moi.
Je jette un oeil.
Ce sont les "fermeurs" de la portion.
....
....
Je continue.
Le corps ne relance plus même lorsque les sentiers le permettent.
Là ça craint.
La tête veut, fait le job.
Le corps lui en a assez.
18h10
J'arrive à Mandaille.

10 minutes de trop.

FIN de la course pour moi : Hors délais.
...
Domitille toujours avec le sourire.
Quelques mots.
Je la remercie.
.....
Des bénévoles aux petits soins.
Direction la ligne d'arrivée par la navette. Chacun sa technique pour rallier le départ 😅.
15 coureurs auront laché au même ravito que moi.
.....
...
Je pique du nez dans la navette😌
KO Bénédicte 😉
.....

Un p'tit coup d'œil au live de la course👀
Je vais pouvoir voir Joris arriver!
Il quittait le dernier ravito à 18h45.
.....
Je récupère mon sac à la base.
On me félicite, me dit que j'ai toujours le sourire.☺️.
Je remercie les bénévoles 

...
.....
Vite une douche !
Je ne veux pas rater Joris.
.....
.....
Direction la ligne d'arrivée.
Je retrouve Ismaël, notre covoitureur LDHD, déjà arrivé.
Échanges sur les sensations.
......
.....
Un short jaune,
Un Camel rouge se profilent au loin.
Le Voilà.
Le coureur pour Thiago💪🏻💪🏻.
Ligne franchie!!
....
Enfile son plus beau tee-shirt,
Clic'clac' photo
Et là, les émotions, la satisfaction prennent le dessus....

Larmes.
....
C'est bouclé.
......
....
....
Douche pour Joris.
Massage de récupération pour Ismaël et moi en l'attendant.
.....
Dîner.
Un festin de roi nous attend.
Sauf, qu'après tout ça,
L'appétit est rikiki..
....
....
On surveille les lives ..
Ils sont tous les 4 en course nos compères !
....
....
On attend notre duo de choc.
Froid, toujours.
....
Et soudain,
Les voilà😁
Sourire aux lèvres.
Que c'est bon de voir tous les copains contents, heureux.
La force du binôme est chouette à voir.
.....
.....
On s'organise
Joris, Ismaël et moi rentrons au campement.
Notre duo savoure sa victoire.
.....
Ils prennent le relais pour accueillir Franck et Cyril.
....
.....
4h du mat.
Des voix sur le campement.
Tout le monde est rentré.!!!
.....
......
....
8h.
J'ouvre les yeux👀
Zip zip
Chacun à sa technique pour sortir de sa toile de tente.
Entre,
Les articulations qui couinent,
Les pieds qui ont soufferts,
Le récit des hallucinations,
On ne s'ennuie pas autour de la table du p'tit dej😁
Un vrai régal que d'écouter chacun!

Je tiens juste à m'excuser pour la longueur du pavé ci-dessus
Difficile de résumer les sensations, les émotions le ressenti, en trois mots...
Quoique 😉....
"Partage, bienveillance et persévérance" aurait peut être  pu suffir.

Biz'

 
Bénédicte,
La Traileuse au rouge à lèvres 💄 

Récit de Joris :


 

Enfin l’Ultra Trail du Puy Mary Aurillac  pour moi avec ses 114 kilomètres et ses 5300 mètres de dénivelé positif et négatif ! 

Ça fait 2 ans de suite que j’étais obligé d’annuler ma participation à cet ultra trail à cause d’une blessure au dos !!! J’avais connu l’ambiance et découvert le parcours en assurant l’assistance des copains du RLV en 2022.

C’est mon plus gros défi de l’année et avec pour objectif de faire oublier la déception de l’an passé, l’abandon au GRP (le tour des cirques 120km). La préparation a été bonne (Ticken trail, Euskal trail en duo et plusieurs trails locaux), la forme physique est parfaite et pour une fois pas de petits bobos.

Course également particulière car j’avais un projet caritatif en tête depuis plusieurs années mais j’attendais que l’association de mon filleul soit créée pour enfin le réaliser. J’ai décidé de créer un jeu qui a pour but de récolter des fonds et faire connaitre l’association de Thiago « Les bons tuyaux de Thiago ». Celui-ci consiste à pronostiquer mon temps de course et le gagnant se verra récompenser par un panier garni avec les produits locaux d’Auvergne. C'est pour moi une bonne façon d'ajouter un intérêt et un but précis à cette course !


 

Nous sommes partis vendredi matin à 7h de la Chaize avec Béné et Franck puis nous prenons Ismaël (un coureur de Saint Laurent sur Sèvre) sur notre passage. Nous arrivons à Aurillac vers 13h, on rejoint le campement de Johann, Jean-Dany et Cyril pour nous installer et déjeuner. Ensuite place à la sieste de 14 à 16 heures (même si je ne trouve pas le sommeil car je suis comme un enfant j’ai hâte dans découdre, mais je repose au moins mon corps) puis, je vais acheter les produits du panier garni. Après, je rejoins les copains pour récupérer les dossards, assister au briefing (on apprend qu’il  va pleuvoir énormément toute la nuit et sur le matin au niveau des crêtes il y aura des rafales de vent jusqu’à 90km/h et un ressenti de température de -6°). Enfin, on va manger à la pasta party !  Vers 20h nous revenons au camping en marchant histoire de se dégourdir les jambes et digérer. Certains font la sieste, d’autres comme moi commencent à se préparer tout en regardant le 1er match de l’euro (ne jamais oublier son premier amour et en plus ça permet d’évacuer un peu la pression du départ 😉). 

22h un énorme orage éclate et un amas d’eau nous tombe dessus. 22h45 tout le monde est prêt, on prend une petite photo de groupe au sec dans les sanitaires et nous prenons le chemin du départ. 23h nous allons remettre notre sac de rechange pour qu’il parte à la base de vie du Lioran et nous entrons de le sas pour faire vérifier le matériel obligatoire (couverture de survie, sifflet, écôtasse,  une réserve d’eau minimum de 1.5 litre, un couvre-chef, une réserve alimentaire, une veste imperméable et un téléphone portable allumé avec le numéro de secours en mémoire) puis nous attendons tous agglutinés sous un chapiteau pour éviter les fortes pluies avant de prendre le départ. 23h50 le speakeur nous demande de rejoindre la ligne de départ, l’ambiance monte malgré la pluie et 00h01 les fauves sont lâchés sous un beau feu d’artifice.

De mon côté, je pars dans le dernier quart de la course avec Jean-Dany et Johann. Au début de la course les sensations ne sont pas au top, j’ai mal au dos, au ventre et j'ai envie de vomir donc je décide de rester avec mes 2 compères dans un premier temps en espérant vite chasser ses mauvaises sensations. Cette première partie est très grasse nous avons des zones avec de la boue et de l’eau jusqu’au mollet. Le moral n’est pas bon, je commence à douter sur mes capacités. La dernière descente est rocambolesque, on ne tient pas debout, on s’accroche aux arbres pour ne pas glisser dans la descente car tout le monde tombe y compris moi ! Nous arrivons au 1er ravito à Velzic, je suis trempé et j’ai froid donc je décide de rajouter un tee-shirt moullant pour garder ma chaleur corporelle. On prend le temps avec J-D de bien se ravitailler (soupe, café, saucisson, fromage…) environ 30 minutes. Quand nous sommes prêts à repartir on constate que le reste du groupe est parti sans nous (en fait ils ne nous avaient pas vus et pensaient que nous étions partis devant). Du coup, on repart il est pratiquement 3h et je suis 529éme au classement. Nous décidons d’accélérer le rythme pour que J-D rejoigne son binôme Johann. Après quelques minutes on récupère Cyril (un copain du RAPV), puis après c’est au tour de Franck et Béné qui sont surpris de nous voir derrière eux. C’est à ce moment-là que l’on apprend que Johann croit que nous sommes devant donc qu’il avance vite pour essayer de nous rattraper 😊. De ce fait, nous sommes obligés de garder ce gros rythme pour récupérer au plus tôt Johann et au bout d’environ 1h30 c’est chose faite. Il est surpris et content de nous voir, nous rigolons bien de ce quiproquo ! Nous ralentissons un peu pour récupérer et rejoindre le ravito de Thiézac car nous savons que la première grosse difficulté (la montée du plomb du cantal), va arriver. Nous prenons une bonne pause d’environ 30 minutes, je laisse une petite vidéo à ceux qui me suivent mais le moral n’est pas terrible et j’ai envie de dormir.

On repart il est 6h, j’ai gagné 133 places je suis 396ème, le jour se lève et la pluie s’arrête donc ça me fait un bien fou ! on démarre l’ascension puis rapidement on prend un bon rythme et je constate que les sensations sont de mieux en mieux et je bascule dans un bon état d’esprit alors je décide de laisser mes 2 compagnons d’échappée et faire ma course tout seul. Je fais une belle montée mais il fait très froid là-haut, malgré les gants j’ai les mains gelées et le vent souffle très fort. J’accélère dans la descente pour me réchauffer et j’arrive à la base de vie du Lioran à 9h30. Je me change intégralement pour repartir bien sec et je repars en 332èmè place vers 10h. Cette partie est un bon morceau avec plusieurs ascensions dont le Puy Mary avec notamment ses marches et les rochers à escalader au  passage de la brèche de Rolland et enfin le Puy Chavaroche. Je suis très bien et je prends un plaisir fou à doubler un bon nombre de concurrents. J’arrive au ravitaillement de Pas de Peyrol vers 12h30 en 252ème position. Je traine moins sur le ravito car la température s’est réchauffée et comme je me sens bien je veux grapiller du temps et gagner un maximum de places au classement sur ce dernier gros morceau avant d’attaquer la partie finale qui sera plus roulante. Tout se passe bien et j’arrive au ravitaillement de Mandailles, j’appelle ma femme Amandine qui me dit que je suis 203ème  et qui me motive encore plus, pendant ce temps je change de chaussettes et passe un peu de crème sur mes pieds pour repousser mon ennemi numéro 1 : les ampoules. Je fais un coucou aux enfants et suite à cet appel je repars plus galvanisé que jamais et commence à comprendre que je vais réussir à finir cette course. Mon rythme est toujours aussi bon, j’arrive au 6ème ravitaillement à 16h40 et je repars 156ème. Je ne baisse pas et j’augmente même la cadence, je passe dans un endroit magnifique les gorges de la Jordanne.

Puis, vers le kilomètre 100, je sens monter la fatigue, j’ai la tête qui tourne, les jambes coupées et je me sens faible avec le rythme cardiaque qui ralentit donc, je suis contraint de ralentir jusqu’au dernier ravito car je comprends que je fais une petite crise d’hypoglycémie. Je prends du coca et beaucoup des fruits… bref un maximum de sucre pour retrouver de l’énergie au plus vite. Je repars en marchant et en 144ème position de St Simon vers 18h40, il reste une dernière grosse côte, elle me fait très mal car j’ai les jambes très dures, je suis toujours aussi fatigué et je n’arrive plus à courir. Je vois un message passé sur mon téléphone qui prédit mon arrivée pour 20h07 et soudainement j’ai un déclic car je veux finir en dessous de la barre des 20h donc je relance un peu et j’y arrive de nouveau à courir. J’arrive sur Aurillac je suis à fond, ça fait 19h50 de course, je vois des bénévoles et je demande dans combien de kilomètres est l’arrivée ! ils me répondent au moins 2 kms donc je suis dans un premier temps déçu car je comprends que je vais faire plus que 20h. Puis, je réalise que j'ai déjà la chance de finir cette course car sur 800 partants seulement 455 seront Finisher ! Je fais une vidéo pour dire que je vais arriver dans quelques minutes, mais je décide de ne pas la publier car je m’effondre, je n’arrive plus à m’arrêter de pleurer sans savoir pourquoi ! Certainement les nerfs qui se relâchent, je pense à mes enfants, Amandine, Thiago, papa, ma sœur Johanna et également à maman qui doit être fière de moi d’où elle est ! Je cours dans la ville et je reconnais le chemin donc je sais qu'il reste plus qu'un virage et j'apercevrai la ligne d'arrivée. Je passe celui-ci et je vois la flamme, quelle joie et quel soulagement puis, j'entends "allez Joris" et j'ai le plaisir de voir que c'est Béné même si je suis déçu pour elle car je comprends qu'elle n'est plus en course. Je franchis la ligne en 137ème position et en 20h05m50s !

Pour finir, l’association « Les bons tuyaux de Thiago et sa famille s’associent à moi pour remercier très chaleureusement les 126 personnes qui ont participer à mon petit jeu et qui ont permis de récolter 1319€ de dons. Pour nous, ce projet est une très belle réussite et vous pouvez continuer à faire des dons ponctuels.

UN GRAND MERCI !!!

Amicalement et sportivement, 
Joris.








11 commentaires :

  1. A chaque fois que je lis ou que j'entends des retours sur vos courses, ça me donne la chair de poule. J'adore !
    Un très grand bravo à vous tous qui vous vous embarquez dans ces aventures humaines.
    Tous partants, tous vainqueurs.

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  2. Merci de partager votre périple 👍 FÉLICITATIONS à vous tous 👏👏👏

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  3. Quel kiff de lire ses résumés de course!!Effectivement on passe par tous les états émotionnels mais ce que l'on retient surtout c'est le plaisir de courir et de se dépasser! Bravo à vous tous les UTPMAistes!

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  4. Vous êtes de grands malades 🥰.
    Un grand bravo.
    Bizarrement ça donne envie.
    Yohan.

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  5. Le Petit Nicolas21 juin 2024 à 12:32

    Respects et des énormes Bravos, ces narrations sont immensément poignantes. Que de respects pour vous tous, les ultra-traileurs. et vive le RLV

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  6. Merci pour tous vos récits. C'est super de vivre cette course avec vous ! Et bravo à tous pour vos exploits 💪
    Ingrid

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  7. Vous m'avez fait halluciner 😁... Le corps va loin, très loin. Vous avez tous un mental d'acier pour vivre une telle expérience. Bravo à tous 👏 et respect pour vos exploits.

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  8. Super vos petits récits respectifs, on voit cette aventure sous différents angles, j'espère que vous avez bien profité, parmi les plus beaux paysages, bravo à vous

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  9. Bon ben moi j'ai pleuré à chacun de vos récits .
    Merci pour ce partage et encore bravo à vous tous!
    Karen

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  10. Bravo à tous pour cet exploit de dingue !! ça donne vraiment envie de tenter l'aventure !! en attendant que mon dos se remette et la reprise progressive de la course, je l'éspère , je me lancerai dans l'aventure !

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