Le GRP de Julie

Direction Saint Lary pour mon 1er trail du GRP...40kms et 2400m de dénivelé m'attendent...
Vendredi 25 Juillet 2023, jour de course.

Debout à 6h pour manger mon ptit dej' bien avant la course.. Départ à 7h15 pour rejoindre la ligne de départ à St Lary à 800m d'altitude: un monde de fou, je me place avec Arnaud mon cousin et ses copains là où il y a de la place, c'est à dire en queue de peloton. Nous partons donc dans les derniers...1600 coureurs au départ !
Direction Vignec pour 2kms de mise en jambes sur du plat, il faut en profiter car après yen aura plus Les jambes sont lourdes dès le départ, ça promet...
Puis j'attaque les montées en direction du Plat d'Adet ( 800m de dénivelé en moins de 6kms) puis le col du Portet, à 2200m d'altitude. J'essaie de trouver mon rythme avec mes bâtons, parmi la foule de coureurs, les traces qui ne sont pas larges à certains moments, la difficulté à doubler. J'essaie de suivre Arnaud et sa bande mais qui ont plus d'expérience que moi et qui avancent vite. Je m'accroche et Arnaud m'attend aussi un peu...beaucoup même
J'entends une runneuse dire à sa copine "allez go, on y va, step by step". Je vais garder cette phrase en tête et me l'a répété plus d'une fois " Un pied, puis l'autre, un pied, puis l'autre"... Phrase qui m'a poussé vers l'avant surtout lors des montées et dans les moments durs.
Les paysages sont sympas mais sans plus sur ses 1ers kilomètres ou alors c'est que je suis difficile . Côté température, il fait bon, même chaud. Je transpire à grosses gouttes, certains sont déjà trempés guenés...les shorts dégoulinent de sueur..beurk...
Heureusement nous traversons le brouillard, ce qui permet de me refroidir un peu. Ambiance sympa au Plat d'Adet où 2 hommes font ronronner leurs moteurs de tronçonneuse pour nous encourager.
Au col du Portet, après avoir monté 13,4 kms et gravit 1400m de dénivelé, les paysages de montagne commencent à se dessiner et a être vraiment beaux à admirer. En haut du col, j'ai l'impression d'arriver à un Tour de France, il faut se frayer un chemin pour passer entre les spectateurs mais qu'est ce que leurs encouragements sont appréciables après cet effort intense.
Je décide alors de grignoter un peu.. Mais j'avoue, je n'ai pas d'expérience et ne sait pas ce que mon corps va accepter… Je tente le salé… Mauvaise idée… Après avoir mangé quelques noix de cajou, mon estomac commence à me faire souffrir… Le début d'un long moment compliqué.. Le ravito à Merlans arrive et je n'arrive pas à avaler quoi que ce soit, un Tuc et un carreau de chocolat resteront dans ma bouche de longues minutes avant que je me décide à les recracher pour décorer la montagne
Les douleurs augmentent. Option Gaviscon...c'est très légèrement mieux mais le moral en a pris un coup. Comme à chaque course (peu importe la distance), je me demande ce que je fous là et me demande si je vais arriver au bout…
On poursuit les ascensions car quand yen a plus yen a encore… Mais c'est aussi la découverte de nombreux lacs, ses paysages magnifiques… Je regarde autour de moi mais vite fait bien fait car le sol ne permet pas d'être distraite plus d'une seconde.. Des pierres, de la caillasse, des racines. Le terrain est très escarpé et me demande une concentration de fou!
Direction le col du Bastanet à 2496m d'alt. , l'estomac est encore très douloureux, les nausées arrivent et l'envie de pleurer aussi...Certains parlent de pizza, rien qu'à les écouter, ca me donne encore plus envie de vomir . La montée du Col est aussi pour moi synonyme d'intenses émotions car j'ai préparé un galet personnalisé que je veux déposer au plus près des nuages et du ciel, là où je serais le plus en hauteur, le plus près de lui… 22 ans jour pour jour après le décès de mon papa, je veux lui dédier ma course et sentir sa force, son aide, son soutien, sa fierté ! Merci à Arnaud d'avoir immortaliser cet instant intimiste.
Je reprends ma respiration, je laisse couler quelques larmes, je souffle un bon coup et c'est reparti après avoir relu les petits mots écrits par mes enfants, mon mari et ma maman et qui me suivent dans mon sac depuis le départ. Ah oui, j'oubliais, j'enfile aussi un 2eme Gaviscon car l'estomac me fait toujours mal ! Seule l'eau est possible et supportable.
Je profite des jolis paysages montagneux, peut-être un peu trop d'ailleurs car mon pied droit sort du chemin, je tombe et glisse vers le ravin...gros moment de frayeur qui dure quelques secondes. Mais je me demandais bien quand est ce que j'allais arrêter de glisser, je me hisse sur le chemin sans regarder le vide qui était derrière moi..je me suis fait bien peur et j'ai fait bien peur aussi aux coureurs autour de moi. Au final, plus de peur que de mal, je repars avec quelques égratignures sur le genou mais rien de méchant vu la chute.
Les prochains kilomètres sont variés : des pierres (petites et très grosses), une sapinière à traverser, quelques cours d'eau (propre et moins propre), un éboulis de rochers...bref un terrain très accidenté et très technique mais aussi très varié ! J'en prends plein les yeux! J'attends avec impatience le prochain ravito car j'ai soif d'eau fraiche, chose que je répète inlassablement à Arnaud… Il faut toujours être très concentrée là où je mets mes pieds, ma cheville droite tourne à 2 reprises mais sans gravité (heureusement que j'ai des chevilles laxes), je trouve certains kms extrêmement longs surtout entre le 20 et 30ème km.
Je repasse au Merlan pour le 2eme ravito, je prends 2 quartiers d'orange, 1 coca et le plus important. Un Gavsicon... Mon ami de la journée . N'empêche qu'au bout de 3 .. Je reprends du poil de la bête, me sens beaucoup mieux et il me tarde de pouvoir courir quelques kms de suite car jusque là le parcours et les autres runners ne me permettent pas de courir sur de longues distances. Mais avant, il faut de nouveau remonter au col du Portet et ça grimpe dur… Mais pas pour tout le monde, puisque mon cousin me fait une petite démo de moonwalk.
Ensuite, j'entame la descente jusqu'à saint Lary, il reste 12 kms à parcourir. A ce moment là, je sais que je vais finir ma course, j'ai hâte de franchir cette ligne, de ressentir la fierté d'avoir boucler mon 1 er GRP. Je range mes bâtons et c'est parti… Cependant on dit que monter c'est compliqué mais descendre n'est pas plus simple...il faut toujours être très attentif et ça glisse. Nous retraversons le brouillard, il fait beaucoup plus frais, c'est appréciable. Au bout d'un certains temps, chaque pas résonne dans tout le corps, mes doigts de pied tapent dans mes chaussures ce qui me vaudra un ongle noir mais l'arrivée est proche. Ça rebooste à fond et la centaine de coureurs que je double est aussi, je l'avoue, très plaisant.
Et puis il y a cette vache, installée parfaitement bien, la tête posée délicatement sur un talus pour contempler chaque coureur.
Des cris de marmotte viennent à mes oreilles régulièrement, je ne les vois pas mais les écoutent avec plaisir.
Et bim, une crampe aux orteils fait son apparition… Mais je reprends à courir juste avant que 2 chevaux de traits se mettent en travers de notre chemin et nous empêche de passer. Je me fraye un chemin entre les deux et je poursuis. Je cours derrière Arnaud qui dévale les pentes et tente de rester dans son sillon. A ce moment-là c'est mon dossard qui tombe et je me pique avec l'attache... Que d'aventures durant ce GRP
Les 12kms de descentes se sont bien passées, mieux que ce que j'avais imaginée!
La ligne d'arrivée est toute proche, j'arrive encore à accélérer légèrement. Quel bonheur de voir tous ses supporters applaudir et ce tapis rouge qui me tend les bras. Moment de joie partagé avec mon cousin. Nous franchissons la ligne d'arrivée main dans la main, sourire aux lèvres, en ayant un peu mal aux jambes mais plutôt frais.
Je suis fière de moi, fière d'avoir tenu cette distance en montagne, fière d'avoir parcouru ces 43,24kms et 2518m de dénivelé.
J'ai adoré partager ce trail avec mon cousin que je remercie car il m'a soutenu, fait avancer et aussi fait rire en faisant le clown en pleine montée du col du Portet!
J'ai aussi une pensée particulière pour mon mari Maxime sans qui je n'aurais pas pu participer et vivre ce challenge. Un grand merci à lui.
Mes enfants et ma famille ont été dans ma tête durant toute la course et m'ont boosté à chaque instant.
Une chouette et très belle expérience sportive qui me donne envie de recommencer de nouveaux challenges. Quel bonheur de pratiquer la course à pied!

Julie